Californie du Sud - Juin

Dans le désert du Mojave

de Hikertown à Tehachapi

La traversée du désert du Mojave est vraiment chaude, les températures peuvent atteindre 40 degrés, et il n’y a pas d’ombre. Il est donc recommandé de marcher de nuit pour cette portion de 49 miles (près de 80km) sépare Hikertown de Tehachapi. Cette section est dite « de l’aqueduc » car elle longe cette canalisation sur des kilomètres. L’aqueduc fournit une partie de l’eau potable de Los Angeles.

Je commence seul cette marche dans le désert, mais rejoins assez vite d’autres groupes partis avant moi. Je me joins à l’un deux, déjà rencontrés précédemment. Par mesure de prudence, sans doute plus psychologique que réelle. En effet, le seul danger objectif potentiel est la présence d’un Cougar qui a tendance paraît il a être assez curieux, et suivre les randonneurs. Les chances d’attaque ou même de le voir sont infimes, mais du coup on l’a toujours dans un coin de la tête, à la frontale au milieu du désert sur des kilomètres !

En l’occurrence, la marche de nuit était quelque chose que je voulais essayer, mais qui ne m’a pas plu. Marcher dans le noir, à la frontale, pendant des heures est pas agréable, et très ennuyeux, voire dangereux si les chemins sont escarpés et la lampe trop faible en éclairage. Cela m’est arrivé le jour d’après le passage de l’aqueduc, ou j’ai du utiliser la lampe de l’iphone pour renforcer mon éclairage. Sauf obligation, je ne réitèrerais pas cette option. Je préfère avoir un peu chaud, mais un rythme régulier et profiter du paysage. Sans oublier le décalage de rythme de sommeil que cela implique. J’ai suivi l’effet de groupe sur la marche de nuit, je ne recommencerais pas.

Radio PCT est l’espèce de système de communication informel entre les marcheurs qui fait qu’une information fait très vite son chemin dans les différents groupes de marcheurs et les individuels. C’est en même temps bien pour la sécurité, mais cela diminue autant l’ouverture à l’inattendu, dans la mesure où les comportements se standardisent, et que les marcheurs ont tendance à marcher en groupe, s’arrêter aux mêmes endroits, rester dans les recommandations du plus grand nombre. Toute proportion gardée, c’est comme l’effet guide du routard dans un pays étranger. C’est pratique mais cela édulcore l’expérience. Je pense qu’à mesure des kilomètres, je prendrais plus d distance avec cela et les groupes figés, sauf dans les endroits qui le nécessitent : passages de cols, rivières, etc.

La complexité relative du chemin demande d’intégrer certains réflexes et de prendre en compte plusieurs paramètres : le soleil, le dénivelé de l’étape, l’ombre potentielle, les points d’eau. La connaissance est plus complète à plusieurs, je profite des conseils du groupe qui a l’habitude de marcher ensemble et qui ont l’avantage d’être sympa et prudents. C’est le premier groupe sur lequel je suis tombé à Agua Dulce. Il y a un canadien, Rowan, un anglais, Ben, et un couple d’américains, Cameron et Gabrielle. Le seul problème est qu’ils ont plus de 500 miles dans les jambes (800km) et que j’ai du mal à les suivre, au risque d’être en sur régime et me blesser. Heureusement, cette étape est plate, mais sinon je les aurais laissé partir devant.

Nous rejoignons le premier point d’eau à la fin de l’aqueduc à 17 miles (27km), dans la nuit. La marche est vraiment dure sur la fin, entre la fatigue et le rythme imposé. J’ai vraiment du mal à partir de 15 miles (25km). C’est un peu la même barrière que j’ai en course à pied. Ce niveau reculera normalement au fil des jours, vers les 25 miles si tout va bien. L’idée est de ne pas trop pousser trop vite. Ce qui me rassure, c’est que je suis pas le seul fatigué !

La journée suivante, tout le monde récupère de la nuit et repart vers 17h. Cette journée est interminable, dans le vent, ça flemmarde pas mal et une espèce d’inertie s’installe. Je suis partagé entre l’envie de partir seul devant, dans la chaleur, ou rester dans le confort du groupe. Finalement, le groupe part plus tôt que prévu, mais rapidement explose, en fonction de la vitesse des uns et des autres. Partis trop tard, l’atteinte de l’objectif est trop ambitieuse, surtout sur ces chemins escarpés, et nous choisissons de camper à mi-chemin, à 22h, après avoir dîné, près d’une petite source.

La nuit ne sera pas de premier confort, jai un bon coup de pompe et un vent vraiment violent apparaît assez vite. Ma tente, qui est certes légère et très solide, mais tient debout grâce à mes bâtons de marche, ne résiste pas très longtemps. Vers 1h du matin, Une rafale finit par arracher une sardine, qui emmène les autres ! Après une tentative infructueuse de la replanter, je finis la nuit en « mode sans échec » : les bâtons raccourcis au maximum (40cm) la tente au ras du sol en « sac », et moi dedans. Finalement, je finis pas si mal la nuit, comparé à mes collègues dont certains ont (très mal) dormi à la belle étoile. Ça ne les empêchera pas le lendemain de se moquer de mes péripéties.

Moralité (que je connaissais déjà d’ailleurs) :

– arriver plus tôt (pas de nuit) au bivouac pour trouver un bon coin plat et protégé, sécuriser avec des pierres les sardines si le temps le demande.

– gérer l’effet de groupe, pas trop, mais pas trop peu non plus !

Le lendemain, la marche a tehachapi de 13 miles est très agréable, sans problèmes. Un coup de stop et j’arrive en ville avec 2 autre marcheurs.

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