Oregon

L’entrée dans l’Oregon

Seiad valley, Ashland

Attention, changement de carte : Voici l’Oregon et le Washington !

Seiad valley permet 5 choses :

– Déjeuner

– Ravitailler

– Recharger les batteries

– prise d’infos/internet

– renvoyer ma liseuse Kindle à Santa Monica chez joy.

Malheureusement, je n’ai pas le temps matériel de lire. Les journées de marche sont longues, et laissent à peine le temps de tenir mon journal et trier mes photos. Je préfère donc m’alléger, à regrets, de ce poids et encombrement devenu inutile.

Après un bon repas, je repars avec Rick en début d’après-midi. Comme souvent, après une ville il y a une montée. Celle-ci est bien pimentée : 16 km, 1500m de dénivelé. Je la goberais en trois heures et demi. Ca fait du bien de décrasser la machine, après quelques jours de dénivelés moyens et de rythmes raisonnables. En début de pente, je suis à peine ralenti par une nouvelle rencontre avec un ours. Je commence à reconnaître leur discrétion caractéristique quand ils détalent dans la forêt : le fracas des branches mortes qui cassent, le froissement des feuilles sèches écrasées et des buissons, ce pas lourd et rapide qui va tout droit ! Rien à voir avec la légèreté des cerfs et des biches, beaucoup plus nombreux. J’aperçois à 100m un ourson, au pelage très noir, puis le perds de vue. Je ne vois pas la mère, qui doit être devant (j’espère).

L’air est de nouveau saturé de fumée, malheureusement. Ce sera le cas, paraît-il, jusqu’à Crater lake, 200km plus au nord. Mais ce qui est bien avec la fumée, c’est qu’elle fait apprécier d’autant plus les jours clairs. Et elle permet de ne pas avoir trop chaud.

Je retrouve Rick puis le reperds dans l’après midi. Je me prépare à passer une nouvelle nuit de mon côté, ayant de l’avance. Je repère une cabane qui, paraît-il, reste ouverte pour les randonneurs. Elle est parfaite : des chaises, une table, un lit de camp. Je suis rejoint à la tombée du jour, vers 20h30, par deux SOBO. Abréviation de « South Bounder », ces randonneurs font aussi le PCT, mais du nord au sud, à partir de juillet. Ils font partie des premiers que je rencontre. Le parcours Sobo est plus exigeant : il faut démarrer dans la neige de Washington, puis se dépêcher de passer les sierras avant l’automne. La neige au départ nord du PCT, cela signifie concrètement avoir les pieds mouillés en permanence pendant deux semaines, et « faire la trace » sur des kilomètres de cols alors que le chemin est encore recouvert. Mes deux camarades, un frère et une sœur d’une vingtaine d’années, ont pour surnom les « hobbits » et viennent de San Francisco. Ils viennent de boucler leur année d’université. Ils repartiront vers les 5h00 du matin. Ça rigole pas.

La cabane a aussi la particularité d’être située à moins d’un mile de la frontière entre la Californie et l’Oregon. C’est donc de bon matin que je l’atteints. À force de longues journées de marche, on a besoin de se raccrocher à des symboles pour se dire qu’on avance. Celui-ci suffit à me contenter pour la journée. J’ai parcouru près de 2000 km, mais il m’en reste plus de l’équivalent à marcher: 2200 km ! Je serais bientôt à la moitié de ce qui me paraît être maintenant une marche complètement hors de proportion. Le genre de truc que l’on fait quand on ne sait pas ce que c’est. Même avec l’entraînement, les jambes rodées, tous les jours sont difficiles. Mais c’est également superbe et reste ravi de partir chaque matin pour une nouvelle journée.

Si le PCT ne rend pas tout le monde humble, Elaine Bissonho est là pour s’en charger. Cette marcheuse brésilienne, (Trail name : « Brazilian nut » !) en est à sa deuxième triple crown. C’est à dire les 3 grands trails américains de plus de 4000km, parcourus deux fois chacun. Parfois, deux trails enchaînés dans la même saison (soit plus de 8000km d’un coup). Elle est partie un petit mois après moi, et est déjà arrivée au Canada. 66 jours, moins de la moitié de mon timing (140 jours environ). Son kilométrage quotidien moyen est de 80 km par jour. Hallucinant.

L’entrée dans l’Oregon est aussi marquée par des traces de gros chats sur le sentier. Fraîches de la nuit ou du matin … ou du jour ? Particularité, certaines empreintes font près de 10 cm de diamètre… je n’ai vraiment pas envie de croiser leur propriétaire. Je n’avais jamais vu des traces aussi fréquentes et nombreuses jusqu’à présent. Elles sont très marquées sur 5 km environ. Mais heureusement, le Puma en question, qui doit me regarder passer quelque part, se fait discret.

L’Oregon, c’est aussi une belle alternance de forêts et de prairies sèches, traversées de ruisseaux où l’herbe et les fleurs sont plus denses. Le chemin les traverse sur le flanc des montagnes. Rien de spectaculaire pour l’instant, mais un paysage serein, agréable, vidé de toute civilisation, malgré quelques pistes forestières.

Le sac léger et le sentier facile, je finis la journée quasiment en courant. Je rejoins Ashland dans la soirée pour un jour off le lendemain. Ashland est une grosse ville de l’Oregon, pleine des tentations de la civilisation ! irrésistible ! Je commande un gros steak bien épais pour fêter ça. Plus une bière offerte aux marcheurs du PCT, offerte par la maison du Callahan’s lodge chez qui je campe pour la nuit.

5 commentaires

  • Capron marie annick

    coucou Damien. nous pensons bien à toi, et tu forces mon admiration avec ce treck que tu accomplis avec une détermination sans failles. c’est extraordinaire. nous, ici, dans le doux Anjou, les journées sont paisibles eh bien moins sportives. quoique s’occuper de ta nièce Héloïse n’est pas de tout repos. et si elle confirme ses dispositions il n’est pas impossible qu’elle nous étonne… je t’embrasse

  • Flav

    Hello Dam!

    Joli performance déjà!!👍
    Enfin si je comprends bien tu t’es fait doublé par une jolie gazelle brésilienne et un(e) cougar te tourne autour… tu baisses de régime !!😅
    Enjoy la suite et continue à donner des news!
    Hasta luego

    Flav

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