Washington

De l’automne à l’hiver

Hood river et Cascade Locks, Trout Lake, White pass

Si l’Oregon était frais, le Washington est carrément glacial. J’espère que les températures remontent un peu, mais ce n’est pas certain. Le départ de Cascade Locks, non loin de Hood River, se fait dans un temps plutôt clément, mais variable. Les nuages sont à l’affût, surtout de l’autre coté du fleuve, là ou je vais.

Avant de m’enfoncer dans la forêt, je fais tourner l’économie locale en dévalisant la marchande de fruits. L’Oregon produit des fruits somptueux, souvent bio : prunes, pêches, raisins. Pas de limites sur la vitamine C, un délice. C’est une bonne technique que de se charger en produits frais avant de quitter une ville. De nombreux marcheurs prolongent le plaisir en embarquant quelques fruits et légumes pour les premiers jours. Ils n’ont pas le temps de se gâcher, et le poids diminue rapidement. Ce genre de produits composés à plus de 90% d’eau ont un ratio calories/poids exécrable, mais apportent des nutriments essentiels. Surtout, ils soignent le plus important sur un trek aussi long : le moral.

Stand de vitamine C

J’achète également du saumon à des Indiens natifs. Ils possèdent des concessions pour pêcher sur le fleuve Columbia et ses affluents. Leur pêche est millénaire, mais les techniques se sont bien modernisées. Ils préparent, fument, puis vendent saumon, truites et esturgeons dans un petit stand le long de la route. Malheureusement, mon palais de Français ne laisse rien passer. Le poisson est sec, trop cuit, le gout est un peu fade. Pour un prix assez élevé. Mais cela reste un luxe incroyable de déguster du saumon naturel en pleine forêt, sur le chemin. Dans ces moments-là, manger n’importe quel mets raffiné de ce type est une expérience inestimable. Cela faisait un moment que le poisson me manquait, tant il se fait rare dans le menus des restaurants d’Oregon et de Californie. Il faut juste penser à bien isoler l’emballage, dont les odeurs sont propice à attirer tout ce qui marche à deux ou quatre pattes dans ces forêts perdues.

Les indiens natifs pêchent et vendent du saumon fumé

Je passe enfin le fameux « Bridge of the Gods ». Ce pont métallique est un symbole sur le PCT, car il annonce le Washington et la dernière partie du chemin : plus difficile, plus froide, plus humide, une des plus belles aussi. L’endroit apparait dans de nombreux comptes rendus de marcheurs, c’est émouvant de le voir de ses yeux. Son nom vient d’une vieille légende indienne, tirée sans doute d’un phénomène naturel : un glissement de terrain avait créé un pont naturel entre les deux rives, éphémère, comme tombé du ciel, à cet endroit.

A la fin du film Wild, on voit l’héroïne interprétée par Reese Witherspoon, arrêter son PCT à cet endroit. Elle l’avait démarré à Mojave, près de Tehachapi. C’est amusant de se dire que pour soi, la réalité dépasse la fiction : j’ai démarré ma marche avant, et je la terminerai bien après. Quel dommage pour le film, et cette fameuse marcheuse Sheryl Strayed, qui a inspiré le film : le Washington réserve sans doute les paysages parmi les plus fascinants de tout ce fabuleux chemin. Même si elle est allée plus loin que son objectif initial. Sheryl Strayed est assez critiquée parmi les marcheurs. Parmi les griefs invoqués :

  • elle n’a pas fait le PCT en entier, ce n’est pas une « vraie » thru hikeuse.
  • Elle n’a pas enduré la soif et la chaleur du désert sud californien.
  • Elle n’a pas enduré les pluies glaciales du Washington.
  • elle était mal préparée, « c’est une touriste »
  • elle a gagné de l’argent avec le PCT, avec son livre notamment, et avec Hollywood.
  • Elle a des mœurs légères, elle n’est pas sur le chemin pour les « bonnes » raisons.
  • Elle a causé la médiatisation excessive du Trail, conduisant à une relative surpopulation et le système des permis.

Je trouve étonnant de voir autant de bile se déverser sur elle. Je pense qu’il y a beaucoup de jalousie dans tout cela. Et franchement, marcher le PCT de Tehachapi à Cascade Locks reste une vraie performance. Il n’y a visiblement pas que la France qui pratique le lynchage des gens qui réussissent. Même aux USA, le pays des self made (wo)men, l’aigreur subsiste.

Anyway. Je traverse le pont. la caissière du péage me fait un petit signe d’encouragement et me précise de serrer à gauche. je longe le rail de sécurité, sur le tablier en treillis métallique ajouré. Il n’y a pas de trottoir. Les voitures et les camions qui arrivent en face, courtoisement, ralentissent, s’écartent. Sous mes pieds, je vois le le fleuve défiler, trente mètres dessous. Le seul vertige que je ressens est celui des médicaments, et de l’inconnu. Vais-je tenir ? Comment supporter l’opération ? Pas le temps de gamberger, c’est reparti pour trois jours de forêt jusqu’à Trout Lake !

Le fameux pont « Bridge of the Gods », au dessus de la rivière Columbia, séparant Oregon et Washington.

Une fois de plus, après la ville, vient l’inévitable montée. Cascade Locks est le point le plus bas du PCT, à l’altitude record de 43m. Et bien vite, il faut récupérer les crêtes qui m’attendent entre 1500 et 2000 mètres.

Vient déjà le moment de ravitailler en eau. D’emblée, une petite catastrophe survient. Je fais tomber mon téléphone dans un ruisseau. J’ai fait l’erreur que pourtant je redoute depuis le départ : laisser le téléphone dans la poche haute de ma chemise, sans verrouiller le rabat. Quand je me suis penché pour remplir ma bouteille, la gravité a fait le reste. Le téléphone n’est pas étanche. Il est mouillé, mais fonctionne toujours sur le moment. Mais je préfère l’éteindre complètement et attendre son séchage complet avant de tenter le rallumer le lendemain. Je dormirais avec, dans le sac de couchage, bien stressé. C’est un immense soulagement le lendemain, quand je le rallume avec succès.

En effet, Je dépends beaucoup de mon smartphone. Toute ma cartographie, les points d’eau, de campement, le kilométrage, mes photos, l’administratif et les infos importantes du parcours sont dessus. S’il était tombé en panne, cela aurait signifié un retour à Hood river, 20 km, et près deux jours de perdus, pour en acheter un nouveau… Sans être certain de pouvoir transférer les informations de l’ancien. Comme beaucoup de marcheurs, j’ai vite jeté les cartes papiers que j’avais prises au départ du PCT. Lourdes, encombrantes, et finalement peu utiles sur un chemin aussi bien tracé, sec, fréquenté. Un smartphone bien protégé, avec sa batterie de 6 recharges de 13 000 mAh, est très fiable. En cas de panne, il y a régulièrement des gens sur ce chemin bien tracé et peu technique. Et il me reste ma balise GPS, au pire. Il n’empêche, le stress est là.

J’avais pris une pochette étanche pour protéger le téléphone des chutes, du sable et de l’eau. J’avais renoncé à l’utiliser, lassé de l’accès difficile à l’écran tactile, à l’appareil photo, à la prise casque. Mais le Washington change la donne. La météo pessimiste et ma petite aventure me décident à la remettre. Je le porte autour du cou, sous mes vêtements, pour éviter qu’il ne se décharge trop vite à cause du froid. Et ne le sors qu’en cas de besoin précis.

Un des rares moments relativement montrables de ces journées grises et pluvieuses

Après un bivouac sans histoire, sur une crête bien protégée par de petits arbres, je poursuis ma route. Une jolie pluie s’invite en début d’après-midi. Elle ne s’arrêtera que le lendemain midi. Une pluie en montagne, avec des températures vers 0 degré, et un vent bien frais, voilà le menu de la journée. Je n’avais pas besoin de cela pour récupérer, je suis en pleine convalescence. L’opération m’a bien vidé, j’ai perdu l’appétit ces dernières heures. Je sens les battements de mon coeur marteler en cadence la suture de ma gencive meurtrie.

L’éclaircie après la pluie… délivrance.

Sur cette section, l’équation à résoudre est un défi :

  • absorber 6000 calories par jour (3 fois la dose normale d’un adulte),
  • avaler de la vilaine bouffe d’hôpital, liquide ou pâteuse (purée sans saveur, soupe en poudre, protéines en poudre),
  • éviter le sucre, le pain, les céréales, les barres énergétiques, le Nutella,
  • marcher par 0 degré,
  • sous la pluie,
  • avec un appétit proche du néant à cause des antidouleurs.

Compliqué, sans doute impossible. Cette journée sera la plus dure depuis le début de mon PCT. Affaibli par le manque d’énergie, il est beaucoup plus difficile de résister aux intempéries. De plus, les antidouleurs me donnent la nausée, jouent sur ma lucidité, et me font faire des erreurs. Pour autant, dans ma tête, l’abandon ou quelques jours de repos en ville ne sont même pas des options. J’ai l’intention souple mais ferme d’arriver au Canada, et avant la neige. Quoi qu’il en coûte.

A Hood River, faire les courses, les dispatcher et les envoyer par UPS à quatre points différents furent une véritable épreuve. J’ai mis toute une après-midi à m’acquitter de cette tâche laborieuse, casse tête, mais capitale. Pas le droit à l’erreur, certaines étapes ne permettent pas de réellement ravitailler :

  • identifier les endroits ou envoyer les boites de ravitaillement.
  • récupérer les différentes adresses correspondantes.
  • choisir le supermarché avec une poste à proximité : je dois acheter plus de vingt jours de nourriture, soit un caddie entier.
  • calculer le nombre de jours séparant ces étapes, le poids des produits correspondants, en tenant compte de la météo et du dénivelé.
  • prendre en compte la nourriture spécifique liée à mon opération, découvrir et choisir les produits appropriés.
  • anticiper la transition du liquide au solide. En théorie, deux semaines de nourriture liquide obligatoire…
  • dispatcher et affranchir tout cela dans 4 boites du magasin d’UPS, à 20 minutes de sa fermeture.

Le second soir, je commets ma deuxième erreur : j’y arrive trop tard au camp, j’aurais du m’arrêter avant. Je dois normalement arriver de jour pour choisir un coin abrité du vent et de la pluie, monter ma tente proprement, pendre mon sac de nourriture à un arbre. C’est la règle que je me suis en tout cas fixée. Compte tenu des conditions météo difficiles, et de ma condition physique, je devrais être encore plus discipliné. Ce n’est pas le cas : j’arrive au « Blue lake » à la tombée du jour. Inconsciemment, j’ai insisté pour y arriver car d’après les commentaires, ce lac est un endroit très fréquenté par les randonneurs. Je ne suis pas contre un peu de compagnie après cette après midi solitaire et difficile. L’endroit est lugubre, Le lac n’a de bleu que le nom. Un marcheur est déjà retranché dans sa tente, défiant maladroitement la tempête. Un autre groupe est en train de s’installer laborieusement. Une pluie poussée en diagonale par un vent forcissant transperce la forêt, dons les pins sont certes massifs, mais relativement clairsemés au niveau des troncs.

Il est 19h, je dois dans tous les cas m’arrêter ici. Une fois de plus, j’ai trop attendu pour camper. Je choisis le moins mauvais site, plante ma tente à la va vite, et ne l’oriente pas bien. J’ai les doigts gourds, du mal à ouvrir mes sacs. Je plonge dans ma tente, et tente de m’y réchauffer. Le vent glacial s’engouffre par le dessous, gonflant la moustiquaire, créant un vrai courant d’air intérieur. Après m’être changé laborieusement, et grelottant dans mon sac de couchage, je me résous à ressortir pour limiter les entrées d’air. Je mets le cerveau sur « off ». L’horreur. Quand je m’acharne à planter mon piquet au vent, je ne sens plus mes doigts. L’opération réussit, néanmoins. Une fois à l’abri, je me force à cuisiner et surtout gober une vague purée dans ma tente, dans mon sac de couchage, pour éviter l’hypothermie. Il est normalement déconseillé de le faire, à cause des risques d’incendies et d’asphyxie au monoxyde. Je viens péniblement à bout de cette purée insipide, avale mes antidouleurs, puis je m’endors en l’état, crevé. Finalement, je dors pas si mal. Mais le réveil le matin se fait aussi sous la pluie. Et ma tente à pris l’eau par le dessous, à cause de quelques trous générés par l’usure depuis 3 mois. Le bonheur d’enfiler ses chaussures glaciales, trempées, puis de repartir dans cette grisaille glacée.

Heureusement, mes vêtements sont performants. Mon matelas gonflable, malgré une fuite lente, a surélevé mon sac de couchage et l’a empêché de prendre l’eau. Je dois malgré tout le regonfler par intermitence. Des plumes qui prendraient l’eau perdraient instantanément leur pouvoir isolant. Un sac de couchage mouillé, c’est une catastrophe.

Par chance, je fais escale à Trout Lake, le soir même. Je pars tôt, m’arrête peu, et me dépêche pour attraper la dernière navette, que les habitants de la ville ont généreusement organisé pour les marcheurs du PCT. Je me réchauffe enfin, dans la descente, à la faveur d’une accalmie. Quelques marcheurs me rejoignent dans la voiture, dont deux coréennes, dans un sale état. Tout leur matériel est trempé, leurs tentes innondées. L’une d’elles abandonnera ce jour là.

Trout Lake est un hameau extrêmement accueillant à 20 kilomètres du chemin. Avec le froid, et la pluie, ils ont ouvert leurs installations communales pour accueillir gratuitement les marcheurs du PCT. Un peu comme des réfugiés de catastrophe naturelle, les tentes et vêtements sèchent dans le gymnase chauffé. Dîner, douche, séchage des vêtements, tente, matelas, nuit au dortoir, petit déjeuner. Des services que je valorise, dans ma situation, bien au delà des prestations d’un hôtel cinq étoiles. Le dévouement de ces habitants est désarmant de gentillesse. Même s’ils ont un intérêt à accueillir les marcheurs du PCT pour faire vivre leurs commerces, leur dévouement va largement au delà de l’intérêt économique. Encore cette Amérique profonde, incroyablement généreuse, aux antipodes de son image stéréotypée à l’étranger.

La navette de Trout lake, grand confort.

Dans ce contexte de fatigue profonde, glacé jusqu’aux os, il est amusant d’apprécier qu’un vulgaire fish and ships dépasse un diner chez Troisgros. Au diable le dentiste, ce soir, je mange solide, salé, et gras ! De même, cette nuit en dortoir est délicieuse. Il faut juste penser à ses boules Quiès. Et ne pas s’attarder sur l’odeur de ses voisins. C’est à peine si le chien qui dort sur la couchette d’à côté me dérange. Pourtant, c’est un pit bull, il ronfle comme un homme, son maître n’est pas là, et il sent le chien mouillé… Mais c’est un pit bull fatigué et très sage !

Finalement, Le luxe est un état transitoire et relatif. C’est le sentiment de la souffrance qui s’estompe, et du confort qui revient.

rebouchage de sol de tente
Mon voisin de chambrée.

Après une nuit bien réparatrice, je décide de prendre la matinée pour traîner (un autre luxe sur le PCT), finir de sécher mes affaires et réparer ma tente. Tout le dortoir à déserté les lieux, sauf le pit-bull, son maitre et un autre hiker.

En fin de matinée, je reprends le chemin. La dent va mieux, mais la marche n’est pas le mieux pour guérir sans douleur. En effet, le sang afflue dans la mâchoire et n’aide pas à réduire l’œdème, ni la pression sur les nerfs environnants. Mais je peux déjà remanger un peu plus correctement. Ramen, fromage, œufs, céréales, je reprends progressivement un régime plus normal. Je suis sorti du trio infernal purée/soupe/protéines en poudre. C’est une bénédiction à la fois mentale et physique. Du coup, je garde un bon rythme.

Pendant ce temps, la pluie reprend légèrement, et les températures sont franchement basses, en tout cas en ressenti. La vue sur le mont Adams est inexistante. Mais le soir tout s’arrange. Le mont se découvre dans une jolie lumière bleutée.

Juste avant la nuit, le mont Adams se découvre

Et j’ai le plaisir de retrouver Ran, mon ami Israélien. J’avais marché une semaine avec lui dans le Yosemite.

Ran

Le groupe avec lequel il marche est rassemblé autour d’un feu de camp. Un vrai luxe, là aussi. Interdit officiellement pour la saison à cause des trop nombreux feux de forêt cette saison dans le Washington, les feux de camp comme celui-ci sont inoffensifs : l’humidité de toute la forêt est total, et le foyer est aménagé et bien protégé.

Feu de camp *****

Le lendemain, les marcheurs que je croise m’annoncent qu’ils ont eu de la neige et de la glace sur le trail, alors que normalement, à cette période, il fait 20 degrés. Espérons que cela se découvre et se réchauffe rapidement. Marcher dans ces températures et surtout cette pluie est de loin ce que je déteste le plus. Bien plus que les fumées d’incendies, les serpents, la canicule du désert, l’ennui des forêts interminables, la marche dans la neige, les dénivelés, le vent ou les moustiques. Disons pour nous consoler que cela fait partie de la diversité du PCT.

Comme toujours, le temps s’améliore, et c’est un enchantement. C’est une règle immuable et classique : après quelques jours de mauvais temps, le moindre rayon de soleil est un graal. La pluie nous apprend à valoriser le soleil. Une façon de nous encourager à apprécier les choses simples, quand elles sont là.

Goat Rocks Wilderness

Goat Rocks wilderness fait partie des plus jolis coins du PCT, en particulier le passage sur « Knife’s edge », sur la « Old snowy mountain ». Une ligne de crête mythique, bien plus fréquentable qu’acérée, avec une vue sur le sentier qui semble serpenter à l’infini, plus bas. Depuis trois jours, jusqu’à ce matin, l’endroit était bouché par la brume. Mes collègues de trail que j’ai croisé n’ont rien vu d’autre que du brouillard, de la pluie et de la neige. De rage, ils ont même inscrit leur frustration dans les cendres d’une vieille éruption : « avant la fumée, maintenant les nuages, aucune vue ! tais-toi et marche ! ». En ce qui me concerne, c’est mon jour de chance : les nuages se dispersent. Je profite de Knife’s Edge en égoïste. Le passage est plus dangeureux dans les têtes que dans la réalité. Il faut juste faire attention ou l’on marche, quand les deux ravins ne laissent qu’une mince bande de trente centimètres au chemin de crête.

« Embrace the suck. Before smoke, now rain, no views ! »
névé sur la Old Snowy Montain
stigmates de journées ventées
bivouac à éviter…
knife’s edge. ensoleillé mais frais

Peu après Knife’s edge, deux feux de forêt sur le PCT me force à faire un détour pour rejoindre White Pass, la prochaine étape. Le chemin de substitution est le « Coyote Trail ». Sa topographie ressemble bien plus à nos GR européens que le débonnaire PCT : inclinaisons prononcées, peu de plat, passages instables, sentier éffondré, ravins omniprésents, rochers et cailloux, racines… à force d’être sur « l’autoroute » aménagée et « roulante » du PCT, on en oublie presque ce qu’est la vraie randonnée ! Trop mal habitués, j’entends souvent mes camarades pester contre la rudesse de ces sentiers. Ma moyenne kilométrique s’en ressent, l’énergie aussi. Je fais attention à ne pas me perdre et gérer mon eau, car ma cartographie est bien plus sommaire quand je sors du PCT. Mais cette variante est absolument magnifique, variée, offrant de jolies vues sur la « old snow mountain » et sur la base du mont Rainier. Le chemin est distrayant, car plus difficile, physiquement et techniquement. Encore une fois, je pêche par excès de zèle en fin d’après midi. Emporté par l’enthousiasme, j’ai déjà dépassé les cinquante kilomètres aujourd’hui, et, sans le savoir, les derniers coins de bivouac à plat. Je dois subir une descente interminable dans la forêt, pendant plus d’une heure, pour rejoindre le seul endroit valable après des kilomètres.

c’était un joli dernier défi, avant de rejoindre White pass. Ma super Angel Joy m’y a envoyé quelques vêtements chauds que j’avais laissé, au cas où, à Santa Monica. C’est plus de poids, mais plus de sécurité. Je compte aussi de récupérer ma première boite de ravitaillement envoyée d’Hood River. Une nourriture plus attrayante, avec son trio gagnant : saucisson, fromage, Nutella. De quoi boucler confortablement les 4 jours qui me séparent de Snoqualmie Pass, ma prochaine étape.

dans les nuages : Old Snowy Mountain dans les nuages et Knife’s Edge, sur la gauche.
Un bout de Mont Rainier, au loin dans les nuages sur le Coyote Trail.
Le dernier gros volcan, au nord, qui annonce le Canada.

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