réflexions

Marcher léger, mais à quel point ?

pourquoi marcher léger ?

La monde de la randonnée connait actuellement une tendance à l’extrême légèreté. Elle sévit particulièrement sur le PCT, mais aussi sur toute longue randonnée itinérante en autonomie. Comme toute mode, il faut rester ouvert à ses bienfaits, tout en se méfiant de ses excès. Car il y en a quelques uns. L’humain est ainsi fait, qu’il a tendance à croire que tous ceux qui l’ont précédé sur cette terre sont des sombres abrutis ignorants qui devaient composer avec les limitations de leur époque obscurantiste. Rien n’est plus faux. En architecture, en agriculture, en science, en économie, en géopolitique, en philosophie, dans tous les domaines, il est important de régulièrement faire une cure de bon sens, de sagesse et d’expérience auprès de nos aînés, ou dans les livres. Ils ont déjà vécu presque toutes les situations, les ont analysées et en on tiré des enseignements. Les fondamentaux restent les mêmes, époque après époque.

Malgré tout, il serait dommage de se passer des dernières avancées technologiques et de conception qui comblent progressivement le fossé entre confort et légèreté. Il reste conseillé de marcher léger sur le PCT, pour les raisons suivantes :

  • la longueur du chemin fait que les petites charges deviennent énormes au fil des kilomètres. Tout cela use les articulations, les muscles, et déclenchent des blessures à long terme.
  • la vitesse : Le PCT se parcoure sur une certaine fenêtre météo. On ne peut tout simplement pas le finir en une saison si on est trop lent.
  • la sécurité : éviter une entorse, perdre l’équilibre, pouvoir accélérer ou ralonger son effort si besoin (tempête, orage, avalanches d’après midi, incendie, etc.) Pouvoir emporter du matériel de protection en plus : vêtements secs, crampons, piolet, bear canister.
  • l’autonomie accrue : Une base légère permet de prendre plus d’eau et de nourriture. Se limiter en vivres est un petit jeu piégeux dans lequel je ne veux pas tomber. A l’inverse, avoir une base légère implique de moins se fatiguer, donc de consommer moins : cercle vertueux.
  • la simplicité : gain de temps, d’énergie, moins de problèmes à faire ou défaire son sac, moins de risque de perte ou d’oubli. Cela peut sembler anecdotique, mais le cumul de ces petits gestes deviennent vite une vraie contrainte.
  • le confort d’emporter certains objets « de luxe » grâce au poids de base contenu : liseuse, appareil photo, oreiller, nourriture extra. Ce point n’est pas non plus secondaire : après 2 mois de marche, le mental devient prépondérant pour espérer réussir. Un peu de divertissement est important. La qualité des nuits est capitale.
  • mais surtout : le plaisir de ne plus sentir son sac et profiter de ce qui nous entoure.

Listes de matériel

De nombreuses listes de matériel existent, et sont publiées sur internet. Il y a un certain consensus pour quelques produits. Même si elle est en anglais, celle du site Halfway Anywhere est à privilégier, car elle repose sur une étude large et complète d’anciens marcheurs du PCT. Le matériel est principalement américain, parfois plus difficile à trouver en France, mais donne une bonne idée du sac du marcheur moyen sur le PCT, et ce dont il est satisfait (ou pas) au bout de 4300 km.

Un magasin situé sur le PCT au départ de la Sierra, Triple Crown Outfitters, propose sans doute la sélection de produits la plus pointue et complète pour s’équiper sur le PCT, à juste prix. Ses propriétaires sont des « triple Crown » plutôt expérimentés : ils ont parcouru plusieurs fois le PCT, mais aussi le CDT (Continental Divide Trail) et l’AT (Appalachian Trail).

Pour les retours d’expérience francophones, s’orienter sur le forum HFR, ou randonner léger qui fourmillent de judicieux conseils pour préparer son sac et son cerveau. Attention cependant à l’overdose de détails et avis sur tout et n’importe quoi.

La liste complète de mon sac est rassemblée sur ce site très pratique : Lighter pack. Mon poids de base est à 6,5kg pour la Californie et l’Oregon, ce qui me convient bien, dans le sens ou je suis confortable, et reste en sécurité.

Lighter pack

Il sera un peu plus lourd dans le Washington, à cause du climat plus frais et humide, et dans la Sierra Nevada, à cause du container anti-ours, obligatoire, et mes mini crampons. Je resterais globalement satisfait de la majorité de mes choix, après 5 mois de bivouacs quotidiens. Un équipement bien sélectionné est un équipement qui s’oublie. Quelques sacs approchent les 10kg : il est vraiment déconseillé d’aller au-delà. D’autres descendent allègrement sous les 5kg : certains en toute sécurité, d’autres pas. En règle générale, les marcheurs du PCT sont très bien équipés et préparés, avec du matériel pointu et mûrement réfléchi… De toute façon, si ce n’est pas le cas, le chemin sanctionne vite.

« Super matos, mec, parlons-en pendant des heures ! » Site de Halfway Anywhere

Pour autant, il ne fait pas non plus se faire trop de nœuds au cerveau et passer des heures sur internet à hésiter entre deux tentes ou 3 réchauds. Les réflexions interminables sur le matériel sur internet sont intéressantes, mais finalement peu rentables au regard du temps passé à avaler des vidéos sur Youtube. Dans le jargon du kitesurf, il y a une expression qui résume parfaitement cela : la « branlette de matos » : cela consiste a passer des heures à discuter du matériel plutôt que naviguer. Il ne fait pas perdre de vue que c’est la pratique qui compte, pas le matériel. Je m’amuse souvent à remarquer d’ailleurs qu’un matériel rutilant accompagné de son baratin sur la plage est inversement proportionnel au niveau de performance du pratiquant.

Souvenons-nous qu’il n’y a pas si longtemps, les pèlerins du moyen âge arrivaient bien à marcher des milliers de kilomètres avec un équipement rudimentaire, bien choisi. De nos jours l’équipement d’un marcheur comme Sylvain Tesson est rustique et simple, mais validé par les milliers de kilomètres parcourus sur des terrains autrement plus hostiles. Dans un de ses récits de traversée, il publiait sa liste personnelle avec une certaine malice :

  • Sac à dos de montagne ultra léger de 40L
  • un duvet
  • un bivouac sarcophage de moins de 1kg
  • des t-shirt de rechange,
  • une veste de montagne
  • montre altimètre, boussole, GPS et cartes
  • un appareil photo
  • une anthologie de la poésie française
  • des carnets de route en papier de riz népalais
  • petit matériel : frontale, briquet, poignard, gobelet, pastilles pour l’eau et désinfectant
  • un bâton de marche (contre les ours !)
  • un hameçon et du fil à pêche

En restant dans les produits courants utilisés sur le PCT et listés par les anciens, il y a de fortes chances que cela fonctionne. Évidement, il vaut mieux les tester et les régler avant de partir. Mais ce n’est pas toujours possible, et ce n’est pas très grave, sur le début de cet itinéraire. Au pire, il est toujours possible (et courant) d’ajuster son équipement en cours de route : magasins de sport locaux, commandes Amazon, hikerbox. A vrai dire, la majorité des marcheurs sont satisfaits de leur équipement, en réalité très diversifié. Quelques valeurs sûres émergent, comme le sac Osprey Exos 48, ou l’ULA Circuit, les tentes Big Agnes Copper Spur ou MSR Hubba, les chaussures Brooks Cascadia… Ces équipements sont si bien conçus, plébiscités et adaptés au PCT, qu’il ont de bonnes chances de convenir au plus grand nombre pour cette aventure. Attention cependant aux effets de mode sur certaines marques et modèles de matériel : le réflexe moutonnier n’est jamais loin.

Vouloir à tout prix chasser le produit le plus léger est à la fois une erreur et illusoire. Pour quelques grammes gagnés, vous pouvez rapidement perdre en argent, en durabilité, en santé et en confort : sur des chemins de cette longueur, ce sont des critères à considérer. De plus, les randonneurs se focalisent souvent sur le poids de base, mais gèrent mal les ravitaillements, qui représentent pourtant un poids non négligeable.

Avec l’eau, la nourriture, le gaz, j’ai dépassé les 23 kg dans la Sierra Nevada, sur une section de 8 jours… d’où l’intérêt de conserver une base légère. Il faut aussi un sac qui puisse accueillir une charge et un volume supplémentaire, temporairement, sur les étapes sèches ou sans ravitaillement possible.

Les trois éléments stratégiques, car les plus lourds, sont le sac à dos, le sac de couchage et la tente. Les américains les appellent le « big three ». Il faut souvent commencer par ceux là pour réduire le poids efficacement, et les thru hikers sont logiquement passés maîtres dans la chasse aux « Ounces ».

La tendance de l’UltraLight (UL), aux USA

Comme dans beaucoup d’autres domaines, les États Unis ont une longueur d’avance sur les européens. Tout pousse ce pays à être à la pointe : l’étendue des territoires sauvages, la longueur des chemins, la passion des américains pour l’exploration, la randonnée et les activités de nature, leur passion de la technologie et de l’équipement, de l’innovation, la taille du marché de la randonnée… De ce fait, il s’est constitué là-bas une floppée d’artisans-entrepreneurs, les « cottage manufacturers », qui fleurissent sur la niche de la randonnée Ultra Légère, dite « UL », ou « ultra light ». En ciblant une clientèle très spécifique, ils s’affranchissent des codes marketing du marché dominant, et parviennent à faire, à performances comparables, des sacs et tentes plus légers que ceux des grandes marques. Ils sont recensés sur le site garagegrowngear, par exemple. Parmi les plus connus : Z Packs, ULA, Enlightened Equipement, Hyperlite, Tarptent, Mountain Laurel Design, Gossamer Gear… Les produits sont souvent sur mesure, fabriqué à la commande, sans réelle préoccupation esthétique ou de segmentation marketing (en tout cas au départ). C’est simple, pragmatique et intelligemment conçu, par des marcheurs de longue distance pour leurs pairs.

Ils ont leurs astuces : monter sa tente grâce à des bâtons de randonnée, enlever les accessoires inutiles (poches, zips, etc.), se passer d’un double toit, avoir recours à certains matériaux introuvables chez les grandes marques (car estimés, trop chers/fragiles). Une tente deux personnes, par exemple, jaugera moins de 700g, contre 1100g pour des équivalents légers à armatures classique (arceaux). Le tissu utilisé, le DCF (Dyneema Composite Fiber), ou Cuben fiber, a été détourné du monde de la compétition : il sert normalement à faire des voiles de bateaux. Deux fines couches de plastique transparent prennent en sandwich une trame perpendiculaire de fils de polyéthylène haute résistance à l’étirement, l’une des fibres synthétiques les plus performantes au monde (distribuée sous les marques Dyneema, ou Spectra). Il en résulte un matériau à la fois résistant, peu déformable, imperméable, hydrophobe, et incroyablement léger. Il existe en de nombreuses épaisseurs, et est souvent associé à d’autres matériaux (polyester, etc) pour le renforcer, le protéger. Sur de nombreux critères, il dépasse nettement le traditionnel « Silnylon », ce tissu de nylon enduit de silicone qui équipe la majorité des tentes du marché.

Les cottage manufacturers proposent en outre un SAV personnalisé, rapide et efficace (à l’américaine) et un large catalogue d’option, de sur-mesure. Les grandes marques, comme Osprey, Gregory, MSR, et même REI ou Décathlon en France, ne restent pas les bras croisés, et proposent des produits de plus en plus légers.

un sac traditionnel à gauche, un UL à droite.

La Marche Ultra Légère (MUL) en France

Le marché Européen propose une offre bien plus limitée dans ce domaine très spécifique. Surement à cause d’une demande plus restreinte. Mais aussi, sans doute, par culture. Le monde de la montagne et de l’alpinisme, comme celui de la mer d’ailleurs, est resté assez conservateur. Les siècles de pratique pèsent. Dans nos montagnes, les chaussures basses et légères sont parfois regardées de travers sur les chemins de randonnées. Les exploits de Kilian Jornet, d’Alex Honnold ou d’Ueli Steck suscitent le débat. Dans les années 60 déjà, quelques génies puristes comme Patrick Edlinger prônaient déjà la voie de la légèreté et de la simplicité extrême en escalade. Mais ils n’étaient que des exceptions à une règle profondément ancrée : La durabilité et la sécurité passive l’emportent sur la légèreté et la sécurité active.

Seule exception peut-être à cette hégémonie américaine, nos sacs de couchage. Nous avons la chance de produire du duvet d’oie de première qualité, pour des produits très efficients ! Mais, même sur cet équipement, il faut reconnaître que les USA proposent des designs innovants. L’offre et l’utilisation des « quilts » y est bien plus répandue que chez nous. La marque « Enlightened Equipement » est particulièrement renommée pour son rapport qualité-prix. Ce sac se couchage à été dépouillé de son zip, de sa capuche, et de la partie en contact avec le matelas, inutile car compressée par le dormeur. En outre il est bien plus polyvalent que le sac classique : il peut s’utiliser comme une couette, en cas de forte chaleur.

En France, la résistance s’organise. Une poignée de randonneurs irréductibles et passionnés se retrouvent sur l’excellent site internet « randonner-leger.org ». Ils y partagent des astuces pointues et une philosophie passionnante de la marche légère. Quelques sites de commerce en ligne, comme Arklight Design ou High Mobility Gear sélectionnent, conseillent et distribuent ce type de matériel au particulier. Quand il n’existe pas ou qu’il est trop cher à importer, les pratiquants « MUL » le bricolent eux-mêmes : Abris, sacs à dos, sacs de couchage, tous est faisable chez soi, ou presque ! Le matériel de base se trouve facilement sur internet, comme sur le site extremtextil par exemple.

Les écueils du « trop léger »

Il y a plusieurs écueils potentiel au trop léger :

  • Le prix, car les séries fabriquées sont courtes, par des petites structures, les matériaux sont chers, assemblés à la main.
  • Fragiles, ils demandent beaucoup de soin, et détestent les frottements, l’usure. Parfois, la conception des produits est trop légère, voire dangereuse. Le DCF est typiquement une matière qui pose question.

Le PCT reste un trail relativement conciliant, dans la mesure ou il est plutôt sec, rarement très froid, bien dégagé et assez fréquenté. Du coup, la faillite ou le manque d’un équipement a des conséquences limitées. Mais certaines portions du chemin, loin des villes et accès routiers, comme le Washington ou la Sierra Nevada, peuvent vite devenir critiques. Elles sollicitent beaucoup le matériel, et une casse peut avoir une issue dramatique. Rappelons que le PCT traverse quasiment intégralement des milieux montagneux, prompts aux perturbations météorologiques violentes et soudaines.

Si je dois faire un bilan des limites de mon matériel, je pense à mes sacs étanches, mon sac, mon tapis de sol, ma tente, mes chaussures.

J’ai ainsi dû changer mes sacs étanches en DCF pour d’autres plus lourds en nylon enduit 70D, plus efficaces et résistants. Ma tente a pris l’eau en pleine nuit. Exposé aux frottements, le DCF se troue et perd rapidement ses propriétés étanches, après deux mois d’utilisation environ. Ce qui peut être très gênant, pour les sacs comme pour les tentes. Parfois, il est sage de sélectionner des produits plus « lourds », mais durables.

les sacs Sea to Summit 70D, LA solution légère et vraiment fiable contre la pluie

Je ne souhaite à personne de dormir sous tarp pendant une tempête dans le Washington, après trois jours de pluie non stop, des températures proches de 0, et 10h d’effort. Ni de manger froid le soir. Sur cette dernière partie, il vaut le coup de s’alourdir un peu. Ces conditions météo sont la normalité dans cet Etat, autoproclamé « l’Evergreen State » (l’état toujours vert).

J’ai du aussi réparer mon sac à dos, et mon matelas gonflable, plusieurs fois. A refaire, je prendrais le matelas en mousse Z lite de Thermarest, qui m’aurait évité la désagréable sensation de finir sa nuit à même le sol, et les fastidieuses réparations.

Le mesh de mes chaussures s’est déchiré à plusieurs reprises, aux zones de pliure. J’ai usé 4 paires de chaussures de trail, quand deux, voire une paire de chaussures montantes de randonnée classique m’aurait certainement suffi.

Le mesh (filet respirant qui constitue la tige) à une durée de vie de 1000 km environ sur les chaussures de Trailrunning.

S’adapter pour durer

Le vrai gain de poids est finalement ce que l’on renonce à emporter. « Un sac lourd est un sac plein d’angoisses », dit le proverbe. Pour cela, rien de mieux que peser chaque chose individuellement pour se rendre compte que chaque gramme compte et que l’addition monte vite. Avec l’expérience, on repère vite ce que l’on utilise pas et on finit par le bazarder. Sur la majorité des étapes de ravitaillement du PCT, les « hiker box » sont là pour cela. Ce sont de grandes boites, ou cartons, dans lesquelles les marcheurs déposent leurs objets inutiles, leur nourriture excédentaire, plutôt que de les jeter. Ainsi, ils peuvent servir à d’autres. Je me suis renvoyé ma liseuse, quand j’ai constaté que la fatigue et l’écriture ne me laissait pas le temps de lire. De même pour mon pull en laine, qui n’était pas utile au sud de l’Oregon. Mais j’étais content de le retrouver pour le Washington.

Je ne suis pas un marcheur ultra léger. J’aime le matériel fiable, efficace, qui se fait oublier. Je marche solo, donc j’aime avoir de la marge de sécurité, pour mon eau, ma nourriture, mes vêtements chauds. Pour 5 jours de marche, je prévoyais souvent 1 jour de plus. J’ai trop expérimenté les désagréments liés à ces manques, aux aléas, par le passé.  Cela me permet aussi de me focaliser sur ce qui m’intéresse : la nature, la photo, les pensées, les rencontres. Je privilégie cela à la performance pure, mais ce n’est pas le cas de tout le monde et c’est très bien comme cela.

D’un point de vue de long terme, je considère que bien manger, bien boire et bien dormir sont la principale prévention contre les blessures et les inflammations. Souvent, les marcheurs qui en sont victimes ne savent même pas pourquoi, alors qu’ils ont faim ou soif depuis des jours…

Enfin, il faut aussi penser aux autres randonneurs que l’on peut croiser, qui peuvent-être en difficulté dans une intempérie. Pouvoir leur prêter main forte ou leur donner un peu de réconfort fait partie de la beauté de l’aventure (de l’eau, de la nourriture, un vêtement chaud…). Sur ce PCT, j’ai plusieurs fois dépanné en nourriture des marcheurs à plusieurs jours de la civilisation, et ca m’a fait plaisir de pouvoir le faire. Je me suis fait dépanner une fois en eau à un endroit critique : cela m’a sorti d’une très mauvaise passe.

Hiker box à Kennedy Meadows

Mon sac et mon système de couchage

  • Il existe des tapis de sol plus légers, mais ce modèle gonflable Thermarest NeoAir est d’un confort exceptionnel pour un poids contenu. Il apporte beaucoup d’isolation. Inconvénient, il se perce assez facilement.
  • Le sac à dos (à armature et filet tendu) vient de chez ZPacks en Floride, il affiche à peine 800g. Il est solide, mais perd son étanchéité et s’use relativement vite (sangles), même avec de l’attention (changé gratuitement en SAV). Déteste les poids supérieurs à 15kg, même s’il peut encaisser plus. Son volume important (59l) est vraiment un plus : il est très polyvalent. Ce sac reste un modèle de confort et de légereté, à condition de bien le charger.
  • La tente fait partie des plus légères au monde : 700g. Un équipement extraordinaire, très polyvalent, léger, confortable, résistant. Si le sol est correct, elle résiste à des vents vraiment forts. Elle ne se déforme pas, reste tendue pendant la nuit, même mouillée. Elle sèche vite car le tissu n’absorbe pas l’eau. Mouillée, elle reste donc relativement légère. Seul, c’est un palace ; à deux, elle est parfaite. Elle montrera ses limites au niveau des zips, qui cassent à cause de la poussière accumulée, et de son tissu de sol qui déteste l’abrasion : il finira par fuir par les centaines de micro-trous apparus après 3 mois de bivouacs (changé gratuitement en SAV). En complément, il faut idéalement utiliser du Tyvek (plus résistant mais lourd et perméable) ou du film transparent polyéthylène (léger, imperméable, relativement fragile).
  • Les piquets bleus Zpacks n’ont pas tenu, l’aluminium est trop léger. Préférer les mini Groundhogs de MSR, indestructibles, polyvalents et légers. La qualité de l’aluminium est variable selon les marques, mais déterminante pour la longévité : mieux vaut investir. Eviter de taper dessus avec une pierre, préférer la semelle de sa chaussure.
  • Le sac de couchage 3 saisons, 400g de plumes, est une petite merveille de chez Cumulus, lui aussi autour des 700g. Superbe gonflant, confortable, léger, bien fini, au prix contenu. Peut-être un peu limite pour les « cold sleepers » (ceux qui aiment se couvrir la nuit) comme moi, vers le nord du parcours. A refaire, je choisirais 500 ou 600g de plume pour les nuits de septembre et octobre. Mais sûrement s’est-il aussi encrassé au fil du temps, perdant une partie de ses capacités isolantes. Il y a aussi la possibilité d’ajouter un liner en polaire, comme ceux que propose la marque Sea To Summit. A noter que je n’ai pas eu la patience et la rigueur d’utiliser mon sac de soie qui aurait amélioré la durabilité de mon sac. Par flemmardise, mais aussi parce que j’ai souvent utilisé mon sac en mode couette, le zip intégralement ouvert. Pour cette raison notamment, j’aimerais tester le principe du Quilt.
  • Les bâtons me sont indispensables pour les montées et les descentes. D’autant plus que je monte ma tente avec. Ils sont en aluminium, mais existent aussi en carbone : un peu plus légers, beaucoup plus chers, et à mon avis plus fragiles. J’en ai vu beaucoup de cassés après la Sierra. Pour l’avoir beaucoup côtoyé en planche à voile, je me méfie du carbone dans sa fiabilité, particulièrement au soleil et par temps froid. Je changerais deux fois les pointes en métal de mes bâtons : privilégier les marques Leki et Black Diamond, bien distribuées aux USA, fiables, pour trouver facilement des pièces de rechange.
  • Le sitpad, un carré de mousse qui sert à s’assoir pour les pauses. Léger et loin d’être gadget quand on s’assoit sous un pin, un rocher trempé ou une fourmilière.
  • les sacs en DCF (bleu/vert) étanches ne le resteront pas longtemps. Je les remplacerai pas des versions plus résistantes de la marque Sea to Summit.

L’habillement

  • short + collant polaire en dessous si ça se rafraîchit. Le rapport qualité/prix extraordinaire des produits décathlon (Kalenji) : après 5 mois d’utilisation quotidienne, ils restent en parfait état.
  • chemise à manche longues (la fameuse silver ridge de Columbia) + une base laine mérino (Whoolpower 200 ou 400) si ça se rafraîchît.
  • collant polaire ou laine, paire de chaussettes en laine épaisse (400) pour la nuit, que l’on prendra soin de garder au maximum au sec même si ça peut faire double usage la journée. Un peu lourd, le modèle 200 aurrit suffi.
  • Doudoune Ghost Wisperer Mountain Hardwear : pour le soir, la nuit pour descendre à -10*, voire en journée très froide avec un effort modéré. 220g sur la balance, incroyablement compacte et légère, confortable. A refaire, je prendrais sûrement du synthétique, pour être plus serein et polyvalent en cas de pluie, comme la Climalite de Cumulus. Ou pour de la plume, l’Incredilite de Cumulus : un peu plus lourde, mais plus chaude, plus résistante à l’abrasion, et avec une capuche ajustable.
  • Gants et bonnet si ça se refroidit vraiment. Comme toutes les couches en contact avec la peau, privilégier la laine mérino au synthétique. Antibactérien naturel, ne pue donc pas, reste chaud même mouillé, régule mieux la chaleur. A compléter absolument avec des moufles étanches en cas de pluie glaciale, qui m’ont plusieurs fois sauvé la journée. Marcher les mains dans les poches sous la pluie n’est pas idéal. Mes moufles Outdoor Reaserch étaient si chaudes que je devais parfois les aérer. J’ai regretté de n’avoir que des gants en polaire, et pas en mérino. Avoir froid au mains n’est pas agréable, et peut même être dangereux : la dextérité disparait complètement.
  • Chaussures basses de trail running. Légères et largement suffisantes pour le PCT, qui reste un chemin peu technique en général. Mes modèles initiaux étaient trop rigides et m’ont déclenché des aponévroses aux deux pieds (Raptor de La Sportiva), ainsi que des ampoules aux talons, et une insensibilité aux doigts de pied (nerfs des métatarses écrasés). Je les ai changées pour des Hoka Speed Goat, fabuleuses de confort, d’amorti et de légèreté, mais très fragiles, et moins à l’aise en terrain accidenté. Respirantes, et sèchent vite. Attention aux Altra, très répandues sur le trail, médiatiques, mais aux retours très tranchés. On aime ou on déteste. Le zéro drop fait chaque année des dégâts, pour ceux qui ne sont pas habitués (tendinites au tendon d’Achille). Rentré en France, j’ai découvert le modèle MT de la gamme trail chez Décathlon qui est un modèle de rapport qualité/confort/durabilité/accroche/maintien/prix.
  • Semelles thermoformées spécifiques pour soulager la voûte plantaire. M’a en partie sauvé des apponevrosites. Aller voir un podologue avant de partir pour des semelles sur mesure est très fortement recommandé.
  • Guêtres légères pour éviter les cailloux et le sable dans les chaussures, et donc les ampoules. Très pratiques en Californie du sud, dans les parties sablonneuses. Les « dirty girls » sont parfaites.
  • Le chapeau est une petite merveille de conception de chez Outdoor Research. Look perfectible, mais tellement plus polyvalent et efficace qu’une casquette dans le désert ou sur la neige… Certains utilisent des parapluies/ombrelles pour la pluie et le soleil. Je suis très intéressé par le concept, mais n’ai pas essayé.
  • Le filet de tête antimoustique en cas d’attaque aéronavale. indispensable quand les insectes vous assaillent même en marchant. A combiner avec l’aérosol anti moustique (bien chargé en Deet.)
  • Pantalon et veste imperméable contre vent et pluie, également une couche supplémentaire possible en activité par temps frais ou venté. (Sur la photo à côté du sac, très compact). Efficacité radicale et salvatrice contre les moustiques.
  • Le rechange se limite à un short de running et une paire de chaussettes de laine. Lessives régulières obligatoires… ou pas !

Ce matériel évolue légèrement en fonction des conditions rencontrées. En conditions froides par exemple, j’ajoute une polaire épaisse de 400g pour la marche.

Ma cuisine

  • Le sac bleu est un sac étanche que l’on peut suspendre aux branches pour éviter les raids nocturnes des divers et nombreux résidants noctambules forestiers. Finira troué. Le fil associé est en dyneema, long, léger, résistant et lisse. Il permet d’attacher une poche dans laquelle on place un caillou, à lancer au dessus d’une branche. A refaire, je prendrais un nylon léger, avec ouverture large à zip.
  • A propos de cette question, il est toujours amusant de lire certains commentaires des marcheurs sur l’application de cartographie du PCT, à propos d’un campement : « Attention, un ours ninja est venu pendant la nuit nous voler nos sacs de nourriture posés juste à côté de nous. Nous n’avons rien entendu, on ne s’est pas réveillés. Nous l’avons retrouvé le matin, à quelques mètres du camp, en train de tranquillement boulotter nos provisions. » Pour ma part, même si je partage certains traits de caractère de nos cousins à fourrure, je n’arrive pas à me faire à l’idée qu’un plantigrade ayant un petit creux vienne renifler mon plumard en pleine nuit.

  • Pour simplifier et gagner en poids, certains ne réchauffent pas leur repas et mangent froid, notamment le soir. Ils réhydratent leur nourriture à l’eau froide, dans un bocal hermétique : le « cold soaking », voir la page gastronomie. Inimaginable en ce qui me concerne, particulièrement le soir et par temps froid/pluvieux. Mais les américains ont cette capacité à ingurgiter n’importe quoi, n’importe où, n’importe comment et à n’importe quelle heure.

Ma nourriture sur une journée type

  • tortilla au Nutella le matin, avec un café éventuellement si je traîne.
  • tortillas au saucisson le midi + une au Nutella.
  • 200g de nutella, 100g de saucisson, 100g de fromage, 6 tortilla par jour.
  • 8 Barres céréales et chocolat en snack par jour.
  • Nouilles, riz, pâtes , purée, tout ce qui chauffe vite, est léger à transporter et calorique pour le soir.
  • Préférence pour les nouilles instantanées Ramen le soir : rapide, bon et pas cher.

Ce régime va varier en fonction de mes envies, de ce que je trouve, et mes carences ressenties. Voir la page gastronomie pour plus de détails.


L’hydratation, la pharmacie et le kit de réparation

  • Le filtre Sawyer Squeeze est une petite merveille, il permet de puiser de l’eau pratiquement partout sans risque, en la filtrant instantanément. Ses fibres ultra serrées ne laissent passer ni les virus, ni les bactéries. Cependant, il n’est pas équipé de charbons actifs : il laisse passer les polluants, métaux lourds et autres molécules chimiques éventuelles.
  • Quelques pastilles d’iode en complément peuvent-être utiles, pour les points d’eau vraiment scabreux, comme par exemple un serpent noyé, ou des larves non identifiées dans la cuve. En cas de défaillance du filtre, également.
  • Les bouteilles d’eau Smartwater sont simples, efficaces, peu chères, distribuées partout aux Etats Unis, quasi indestructibles et légères. Bien plus faciles à laver, à remplir, à contrôler (niveau d’eau), à remplacer et plus solides qu’une poche Camelpack. Elles se connectent parfaitement aux filtres Sawyer. Malheureusement, elles sont difficiles à trouver en france, et il faut se rabattre ici sur des poches souples Platipus ou Evernew, dont les orifices sont compatibles au pas de vis américain.
    • Je peux monter à 8l d’autonomie avec l’ajout de poches souples, pour les passages longs, secs et chauds, avec une marge de sécurité. Ces gourdes Platypus sont pratiques, car légères et compactables. Mais elles sont fragiles : elles finiront toutes par lâcher au niveau des soudures, à la jonction avec le goulot.
    • Ajoutons qu’elles ne sont pas simples à remplir : il vaut mieux finalement privilégier les bouteilles plastique pour collecter l’eau dans les eaux stagnantes, puis les presser pour filtrer. Il est d’ailleurs très utile de conserver le fond d’une bouteille coupée pour collecter l’eau, quand il y a peu de fond.
    • Les bouteilles plastique sont efficaces et durables, même s’il faut les renouveller de temps en temps, car le plastique finit par s’encrasser et s’altérer, et les polymères peuvent de migrer dans l’eau stockée.
    • Beaucoup de hikers finissent souvent le PCT en filtrant « à la demande », stockant l’eau « sale » dans les bouteilles, le filtre Sawyer squeeze vissé en permanence dessus, buvant directement à l’embout à ouverture rapide prévu à cet effet. Ce système est efficace à partir de la Sierra, où les cours d’eau sont nombreux, et évitent les fastidieuses séances de filtrage, autant de pauses qui ne sont plus autant indispensables quand les jambes sont affûtées.
  • Les sacs ziplocks sont un excellent moyen de gagner du poids, ils sont étanches et permettent de retrouver les objets facilement. Mais ils s’usent vite. A la longue, leur maniement est fatiguant, quand ils servent à conserver l’équipement. Privilégier les ziplocks plus épais, plus lourds, mais résistants avec des ouvertures faciles à glissière. Pour la nourriture, les modèles à fermeture classique suffisent largement.
  • Les lingettes sont un élément de confort (lourd) que je ne regrette absolument pas d’avoir pris, et que j’ai systématiquement renouvelé. Evite les irritations, hydratent, et permettent un nettoyage simple, rapide, sans eau. Remplace efficacement les crèmes anti-frottements.
  • Privilégier les Kleenex pliés aux rouleaux de PQ. Propre, compact, résistant, et ne prend pas l’eau. A ne pas abandonner dans la nature, même enterrés : ils se dégradent très lentement.
  • Le kit de premier secours est réduit à l’essentiel : ibuprofène, immodium, du pansement en rouleau d’adhésif, du désinfectant, quelques pinces, coupe ongles, couverture de survie… Pour le reste, il faut de toute façon aller chez le médecin ou à l’hôpital, donc inutile de le porter…
  • le kit de réparation intègre des serreflex, du duck tape, de la corde, un kit de couture, du velcro, des patchs d’alcool, de la colle Seam Grip, de la super glue, du ruban adhésif « Tenacious Tape » (réparation du matelas et doudoune). A part les serreflex, je me suis servi de tous ces éléments.

L’électronique

  • La liseuse est un luxe. Mais sur 5 mois, on peut manquer de trucs à se raconter à soi même, au point de faire confiance aux autres pour combler sa propre vacuité. Pour le poids du livre de poche, l’équivalent d’une bibliothèque. Le confort mental devient vite un facteur clé de succès sur le PCT. Je finirais néanmoins par la renvoyer : les soirées sont courtes après une grosse scéance de marche à pied et un récit à écrire.
  • L’appareil photo, que je ne regrette pas de l’avoir pris. Un minimum pour rendre hommage à ces paysages fantastiques.
  • Le mini trépied est très utile pour les autoportraits et les photos de nuit. Une merveille de légèreté, de compacité et de solidité.
  • Le hérisson, on sait pas trop ce qu’il fait là, mais comme le nain d’Amélie Poulain, il est là et aime s’aérer pour prendre la pose de temps en temps.
  • La balise GPS est le genre d’objet que l’on espère ne pas avoir à utiliser, mais qui sécurise beaucoup… Une béquille psychologique, quand on ne croise personne pendant des jours entiers. Ma balise ne permet que d’émettre un SOS, sans avis de réception. Certains systèmes plus complets existent, comme le Garmin InReach mini, ou le Spot. Mais le spot n’est pas assez fiable, et l’InReach très cher. Les deux fonctionnent sous abonnement dispendieux. A choisir, je prendrais clairement l’InReach mini, qui permet de communiquer par SMS en GPS, et ainsi d’envoyer un SOS avec une conversation écrite possible avec les secours. En outre, il permet de télécharger la météo, et d’embarquer de la cartographie. Mais je n’aime pas ces fils à la patte, rejeton de notre civilisation ou la sécurité l’emporte sur la liberté. Si on part sur les chemins, c’est pour avoir la paix. Ma simple balise était pour moi un bon compromis : elle ne sert qu’en cas de besoin critique. Pour le reste, je fais gaffe.
  • La batterie externe Anker de 13000 mAh permet de passer sans encombre des portions de 5 jours en autonomie. A refaire, je prendrais la prise de recharge rapide, pour gagner en rapidité lors des étapes.
  • Le smartphone est multifonctions : il sert de carte, de GPS, de lampe de secours, de baladeur, de boussole, de mail, SMS, de réveil matin, de téléphone, et pour s’informer (incendies, météo) et réserver sur le chemin. Un outil multifonctions important, voire trop : c’est la cata s’il lâche. Le choisir de préférence étanche, avec une coque antichoc, ou un étui de protection pour être porté autour du cou par temps froid et la nuit. A même la peau, il se déchargera moins vite que soumis au froid intense. Une dizaine d’euros chez Décathlon.
  • La Petzl E-lite est légère, mais trop : elle n’éclaire pas suffisamment, et sa durée de vie est très limitée. J’ai suivi les recommandations des marcheurs ultra-légers américains, qui ont détourné cette petite lampe de sa fonction première de lampe de secours. J’ai eu tort. A refaire, j’utiliserais la Petzl Bindi, ou l’excellente Nitecore NU25, Les deux sont rechargeables par USB. A noter que le smartphone fait une efficace lampe d’appoint, pour la lecture, ou de secours, si besoin.

Sur un chemin comme le PCT, tant qu’on s’éloigne pas du tracé, les autres marcheurs sont une relative sécurité. Même s’il ne faut théoriquement pas compter dessus, il y a une réelle solidarité. Cela limite considérablement la portée des erreurs de choix de matériel, ou de casse… mais aussi les blessures, manque d’eau, de nourriture. Pour cette raison, et beaucoup d’autres, l’importance que l’on prête au matériel est inversement proportionnelle aux kilomètres parcourus.

Prioritaire lors des mois de préparation, une fois selectionné et validé, le matériel devient rapidement secondaire, voir négligé au moment de toucher la frontière canadienne. Le temps se charge de remettre les préoccupations matérielles à leur bon niveau d’importance.

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