HRP

Dégustation de Canigou

Bien remis de cette nuit d’orage, nous partons à l’assaut du pic du Canigou. Ce sommet est emblématique des Pyrénées orientales, Catalanes. J’ai personnellement encore en tête ce sommet qui domine les plages de Gruissan, alors que je me bagarrait pour arriver au bout d’une épreuve marathon de Windsurf, le Défi Wind, il y a quelques années. La montée est plutôt facile, régulière. Elle est un premier contact avec les hautes altitudes pyrénéennes, la roche, les blocs.

La descente se fait par une « cheminée » assez raide, qui demande un peu d’attention. Une cheminée est un passage vertical et encaissé dans une face. Ici, elle est déconseillée avec de gros sacs, et la chute est interdite.

Nous descendons une jolie vallée jusqu’au refuge de Marailles, où nous décidons de prendre le dîner, et de ne pas aller plus loin (même si l’heure nous le permet). Bien nous en prend, car une pluie fournie balaye le site dès la fin du diner. A table, nous discutons avec Cian, un basque espagnol sympa rencontré à Las Ilas. Comme nous, il s’est lancé sur la HRP, sauf que lui revient directement à la maison !

Nous le retrouvons le lendemain sur la piste, qui traverse de hautes prairies magnifiques et longe les crêtes désolées, entre la France et l’Espagne. Rien ne pousse, à part cette végétation rase d’altitude. Les vaches, les moutons et les brebis complètent le travail de sape de l’érosion sur le végétal. On peut même considérer qu’ils sont responsables d’une certaine absence de biodiversité. Cette section, exposée aux intempéries, est aussi déconseillée en cas d’orage : aucun endroit pour s’abriter.

Heureusement, un vent fort balaye les cumulus en formation, et les empêchent de coller aux sommets environnants.

Cette clémence météorologique nous permet de prendre de l’avance sur le planning, et de dépasser le sympathique refuge d’Ulldeter, côté espagnol, pour trouver un magnifique bivouac sur les hauteurs.

En arrivant, nous dérangeons à peine un troupeau d’une trentaine d’isards. C’est une espèce de chamois particulière aux Pyrénées, dont les individus sont plus menus que leurs cousins alpins. Leurs fines cornes en « L » est caractéristique. Ils nous observent poser le bivouac avec méfiance, même si certains se laissent approcher à une trentaine de mètres. La nuit, nous les entendons faire rouler quelques blocs lors de leur passage, non loin de la tente.

Le lendemain, après une nuit parfaite, nous repartons de bonne heure pour un petit col, suivi d’une très longue balade sur les crêtes, au gré des vents (forts), d’isards, des marmottes, de quelques autres randonneurs et d’un soleil qui nous signifie que la fraîcheur du haut est préférable à la fournaise du bas. Nous sortons toutes nos couches de vêtements.

Alors que nous abordons la vallée de l’Eyne pour descendre vers Font Romeu, nous croisons de nombreux randonneurs à la journée. Le randonneur à la journée est un peu la mouette du navigateur : elle annonce la civilisation. L’odeur de lessive qui l’accompagne en est l’un des premiers signes.

Arrivée a Eyne après une looooongue descente (-2000m de dénivelé négatif), je me jette sur un burger frites. Tant pis pour les 35 degrés qui martèlent le fond de la vallée. Mes performances s’en ressentent à la reprise de la marche alors que j’essaie de gagner Bolquère, commune et station voisine de Font Romeu. Ravitaillement pris, il est temps de repartir vers l’Ouest, plus difficilement, car lesté de deux jours d’autonomie et de jambes qui auront parcouru près de 30km sur cette journée.


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