Californie du Nord

Accélération

De Sonora pass à Lake Tahoe (en jaune sur la carte)

L’arrivée à Sonora pass m’a laissé de grands souvenirs, mais le départ ne tient pas la comparaison. Assez vite,

malgré un petit col pour se mettre en jambes, la vallée et la forêt aspirent le chemin. Les vues sont assez restreintes. La montagne change de visage. Des roches volcaniques rougeâtres font leur apparition, la végétation devient prépondérante, les crêtes se tassent. La montagne vire au vert et au marron foncé. Le chemin a un air de déjà vu dans la forêt. Mais quand le paysage s’ouvre, des prairies vallonnées apparaissent, on s’attend à voir des vaches ou des chèvres pâturer. Mais non, rien, toujours cette ambiance très sauvage qui fait le charme du PCT.

Malgré le dénivelé, j’en profite pour avancer. 115 km me séparent de Lake Tahoe, je suis bien reposé et décide de mettre le turbo pour rejoindre la ville en 3 jours (4 jours normalement). Encore une belle manifestation de la capacité à me contredire, alors que j’avais le frein à pied enfoncé volontairement les étapes précédentes. Cette allongement des distances représente plus de 40km par jour. Faisable, car les dénivelés se calment un peu, mais il ne faut pas traîner et bien gérer l’effort. Je dois l’habituer aussi à repousser cette limite psychologique pour deux raisons :

– j’ai été assez conservateur sur les jours de repos et j’ai pris un peu de retard sur le planning.

– je commence à avoir les « Trail legs » les jambes qui marchent toutes seules, et je ne souffre presque plus à l’approche des 20 miles (32km), même par gros dénivelé.

Ainsi, je fais mon record sur le trail le premier jour, 44 km et 1500m de Dénivelé positif. Des chiffres impensables il a quelques semaines, surtout avec 5 jours de bouffe dans le sac. Les jambes encaissent vraiment bien même si la fin de journée est dure ! Le deuxième jour, je parcoure 42km. Ce qui me laisse souffler un peu pour le troisième jour, avec seulement 33 km.

Le sac est aussi un peu plus léger, car j’ai pu me débarrasser du « bear canister » qui n’est plus obligatoire. C’est un cylindre en plastique rigide et transparent, refermable par un côté, destiné à stocker la nourriture pour ne pas que les ours la sentent ni la mangent. C’est assez pratique, on le pose à 30m sous le vent de la tente et cela évite les visites nocturnes (les ours…). Mais cela prend beaucoup de place dans le sac (la moitié) et pèse près d’1kg, ce qui en fait malgré tout l’objet honni des « thru hikers ». Ces derniers sont ceux qui font le PCT intégralement, qui ont un rapport au poids du sac presque obsessionnel et qui chassent les grammes au fur et à mesure du chemin.

Le temps m’a beaucoup gâté jusqu’ici. Ciel bleu, températures clémentes, même dans le désert. Mais depuis quelques jours, apparaissent des nuages, l’après midi particulièrement. Pour l’instant, je n’ai pas eu d’orages, et je redescends en altitude, ce qui me met à l’abri temporairement. Ce fut une vraie chance de négocier tout ces cols sans ce paramètre météo, qui m’aurait bien compliqué la vie.

Pour être franc, cette partie n’est pas la plus passionnante, après les montagnes émotionnelles des derniers jours. Beaucoup de déjà vu. Mais les fleurs, les roches volcaniques teintées par les métaux (rouget et vert), les lacs et quelques passages dégagés le long des crêtes parviennent à remettre du charme et de la surprise. Cela me booste le moral, alors que je me résignais à encaisser sans broncher les kilomètres dans les forêts de pins et les amas labyrinthiques de granit.

J’ai même eu droit à du trail magic un matin. Quelques trail angels sont installés près d’une route et proposent (gratuitement) un ravitaillement solide pour les marcheurs : fruits frais, café, viennoiseries, soldas, gâteaux, et barbecue à volonté pour le déjeuner et le dîner. J’en profite pour faire le plein de fruits frais : melon, Blackberries. Mais je ne traîne pas, l’objectif est d’arriver à South Lake Tahoe avant la nuit pour pouvoir trouver un hôtel correct.

En chemin, je rattrape Shuu, un japonais que j’avais rencontré à l’entrée de la Sierra, et revu avant Bishop. Puis nous rencontrons Joe, de Washington DC. Puis nous rencontrons Third Wheel (Ryan). 2 gars super sympa, nous convenons de voir le match avec Joe.

Le timing est bon, le chemin redescend et arrive au parking alors que l’orage commence à éclater. Un bon gros orage de montagne, celui sous lequel il vaut mieux ne pas être. Coup de bol, une trail angel déposé justement un marcheur. Elle nous ramènera en centre ville (16 km quand même) avec la gentillesse et la patience qui caractérise ces bénévoles du PCT.

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